Most Valuable Product (MVP), entre mythe et réalité

9/12/2021
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Parmi les différentes étapes qui mènent vers la concrétisation d’un nouveau produit ou d’une feature, le MVP (Minimal Viable Product) pose de nombreuses questions sur son contenu et son utilité réelle. Pour en savoir plus, TAK a convié Serge Daguise, Product Manager chez Deezer et Cesar Miguel, CPO de Cityscoot.

Sommaire

Le MVP : une étape pour la viabilité ou la faisabilité ?

POC, prototype, MVP, quand on commence la conception d’un produit, les étapes pour parvenir à la première version se multiplient. Mais le MVP est une notion relativement malléable en fonction de ses propres attentes. D’ailleurs, comme le souligne Cesar Miguel de Cityscoot, tout dépend de quoi on parle et dans quelle langue surtout : « le MVP français et le MVP anglophone sont deux aspects bien différents, sachant qu’en français on prend la traduction littérale du mot « viable ». On croit qu’il s’agit de toute la viabilité, économique, matérielle. Alors que dans sa version originale, cela signifie la faisabilité, ce qui est une partie limitée mais essentielle. Pour moi, le MVP est surtout la validation d’une hypothèse. » Au sens général, le MVP est un outil de réduction des risques avant tout, qui sert justement à savoir si, in fine, le produit est viable. Il peut ainsi servir à tester une technologie ou un usage.

Pour Serge Daguise chez Deezer, le MVP a surtout une notion de marketable product « avec l’idée de parler des features, de l’adoption par les utilisateurs, pour ne pas passer à côté. Si bien que nous utilisons cette étape pour tester une faisabilité technique en interne ou sur un marché plus petit ». En gros, il s’agit pour eux de tester et de lancer une première itération, sans que l’idée soit copiée par les plus gros acteurs internationaux (Spotify, Apple Music, etc.). Le MVP s’appuie aussi sur l’organisation globale et le temps à accorder à cette partie.

A-t-on vraiment besoin du MVP si l’hypothèse a déjà fait son chemin ?

Pour Serge, cela dépend de chaque produit : « J’ai utilisé d’autres solutions comme la réutilisation de composants qui ne coûtent pas cher mais qui font la différence. Tout est copiable aujourd’hui, il faut donc aller vite et faire la différence en ajoutant des petits plus. » C’est par exemple ce que Deezer a fait avec le Top du Mois, qui a créé de nouvelles habitudes de consommation audio.

Pour César, le MVP est « avant tout la première marche qui pose une question simple : quelle est l’incertitude de départ ? Cela évite les longs tunnels qui, finalement, peuvent mener à côté. Au contraire, les petites itérations permettent de raccourcir le temps. C’est d’autant plus important que quand on créé un produit, on le considère comme son « bébé » et mieux vaut pouvoir s’en défaire le plus tôt possible si cela ne va pas dans le bon sens, avant de s’y attacher ». 

Dans ce cas, ne serait-il pas plus payant de proposer directement une V1 ? Pour Deezer notamment, pas question ! « Nos clients paient pour ce service, on ne peut pas leur proposer une solution dégradée. Notre mantra est de ne jamais renier sur la qualité et de rester focus sur le besoin principal ».

Le MVP est donc plus souple : « Il donne du rythme aux équipes et permet de tester la feature en interne, avec une petite communauté. On a la chance d’avoir une grande flexibilité et énormément de place pour évoluer » explique Serge Daguise.

Comment défendre le MVP au budget ?

Cesar, qui a travaillé avec des grands comptes avant Cityscoot (comme Total et Volvo), sait que « l’aspect financier prend du poids très vite ». D’où l’importance pour lui de parler plutôt de KLI, soit des Key Learning Indicators. Car si les MVP n’apportent pas un gain financier immédiat ou sont finalement jetés, ils transmettent une autre valeur : des informations sur les utilisateurs, de la donnée, autrement dit des éléments essentiels pour la suite. 

Pour convaincre et obtenir le budget qui va avec, le PM ou le CPO doivent montrer que cela a marché avant, mais comme le souligne Cesar : « C’est une question de culture d’entreprise, soit le critère le plus difficile à changer… »

En conclusion, aussi bien pour Cesar que pour Serge : « le MVP est un outil, pas une fin en soi ». Si la définition en France qui s’appuie sur le terme « viable » est peut-être trop riche et peut conduire à une bêta trop précoce, l’important est d’adapter cette phase à sa manière de travailler. Enfin, le MVP a aussi pour intérêt d’en apprendre plus sur les utilisateurs, sans un objectif business systématique ! 

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