Comment une grande organisation peut-elle innover ? | TAK

19/9/2020
Rédigé par

Pour les startups comme pour les grandes organisations, l'innovation est au coeur des enjeux. Quand les startups sont par essence façonnées pour innover, comment une grande organisation peut-elle rivaliser sur ce terrain-là ?

Dans son ouvrage "Humanocracy: Creating Organizations as Amazing as the People Inside Them", Gary Hamel nous donne quelques éléments de réponse. D’après l'auteur, il est aussi important de réunir des hommes et femmes capables d'innover, que d'adapter l'organisation pour la rendre capable d'innover.

Concernant l'Humain, un point clé est de transformer les employés en entrepreneurs, et de recruter les bons profils en plaçant le leadership au coeur des valeurs recherchées. Pour ce qui est des organisations, l'approche habituelle pour innover consiste souvent à fragmenter l'entreprise en créant une entité plus petite et autonome, par exemple par le biais d'un lab ou d'un nouveau service. En fait l'idée serait plutôt d'insuffler une culture d’innovation dans tous les services jusqu’à ce que cela devienne la norme. Par la suite cette culture pourra se valoriser sur le moyen et long terme pour l’entreprise, par le lancement de nouveaux produits et services, ou par sa capacité à se transformer dans un monde en constante évolution.

Bien plus qu'un service, développer une culture de l'innovation

Alors une fois que les effectifs comptent des personnes capable d'innover, comment adapter son organisation jusqu’à avoir une culture de l'innovation ? Des éléments de réponses peuvent être trouvées en observant les cultures d'entreprises construites par les startups.

Le premier ingrédient est tout simplement d'autoriser la créativité. Pour cela il faut plus que des mots : les prises de risque doivent être récompensées, l'audace doit être encouragée, les réflexions initiales sur un projet doivent être menées sans contraintes, et dans certaines conditions l’échec doit être accepté. En matière d'échecs, de nombreux exemples peuvent être cités parmi les plus grands : le réseau social Google+, le Fire phone d'Amazon, etc.

En partant du principe que l'on ne peut pas se réinventer en utilisant les méthodes habituelles et en explorant les terrains connus, la démarche 'think out of the box' doit devenir la norme au sein de l'organisation.

Le second ingrédient, moins évident, est une transformation du management. Plus qu'un rôle de gestionnaire de projet et d'équipe, le manager doit s'attacher à la bonne réalisation d'un nombre de missions :

  • absorber la confusion et les tensions, liées à l'incertitude et aux prises de risque
  • développer le leadership en même temps que l'esprit collectif
  • développer la résilience et les responsabilités individuelles
  • affecter les bonnes personnes aux bonnes tâches : recruter d’excellents profils, explorer le potentiel de chaque personne, et les placer là ou il sauront le mieux le révéler

Le top management quant à lui doit veiller à prendre des décisions à la hauteur de l'engagement des équipes opérationnelles :

  • être critique face aux résultats obtenus sur les premières années et prendre des décisions en conséquence : attribution de budget, intégration aux projets prioritaires, réorganisation des équipes, etc.
  • s'attacher à conserver les femmes et les hommes investis dans leurs missions, car l’expérience est clé en matière d’innovation, et les plus grands enseignements se font souvent dans l'échec

Autre point lié au management, l'organisation doit s'adapter en réduisant la bureaucratie et la hiérarchie, pour faciliter le travail des employés.

Le troisième ingrédient, encore moins instinctif lorsque l'on pense à l'innovation, est la discipline.

Pour équilibrer avec la créativité, les équipes doivent développer de la rigueur, suivre des méthodes, et faire preuve d'une franchise parfois brutale pour avancer ensemble dans la bonne direction.

Un des secrets est également de fixer des attentes précises et des normes élevées, le piège étant de rester en surface. Il faut adopter une discipline qui permet de pousser les réflexions et les tests assez loin pour se retrouver sur des terrains inexplorés tout en gardant de la sérénité.

Pour finir, l’ingrédient indispensable pour innover reste l'expertise métier et la compétence technique.

La compétence technique et la connaissance du métier sont clés en matière d'innovation. Pour être certain de rester compétitif il est indispensable d'organiser les équipes afin d'avoir les personnes les plus expertes sur ces postes stratégiques. Pour cela, il faut recruter en fixant des exigences hautes, jusqu’à garantir la compétence sur les postes innovants. Cela peut conduire à des cultures efficaces mais exigeantes, et il ne faut pas que la performance prenne le pas sur l'empathie ; tout est une question d'équilibre.

De la créativité à la discipline : innover en 5 étapes

En se basant sur ces éléments, quelles sont les étapes pour innover en mêlant créativité et discipline ?

Étape 1 : Plusieurs pistes

Pour cette étape, l'élément principal sera la créativité. L'objectif dans un premier temps sera d'explorer de nombreuses pistes et de ne pas brider les idées. Mais déjà il sera intéressant à la fin de cette étape d'intégrer de la méthode pour formuler les différents scénarios et pondérer les idées.

Étape 2 : Une direction

Choisir une direction parmi les pistes listées. Et parfois choisir la direction en fonction du potentiel d'apprentissage plutôt que résultat attendu à court terme.

À cette étape la structure et la méthode sont essentielles pour choisir les bonnes pistes, en définissant les bons critères, les bons objectifs et en s'appuyant sur des datas pour justifier ses choix. Ainsi l'étape suivante d'évaluation sera simplifiée.

Plus on découvre les failles d'une idée tôt, moins l'on perd de temps.

Étape 3 : L'évaluation

Faire le bon cheminement dans cette direction et évaluer avec méthode, rigueur, et franchise les résultats obtenus par rapport à ceux attendus. À cette étape il est indispensable de s'appuyer sur de la data pour aider à la décision.

Étape 4 : La décision

Face aux évaluations, il faut tenter de différencier les échecs utiles et inutiles, et oser prendre des décisions fortes. En ayant fixé dès le départ des objectifs clairs et mesurables, les décisions seront plus faciles à prendre. À la suite des décisions, il y a souvent besoin de se réorganiser en conséquence, et de choisir si l'on doit itérer, abandonner ou pivoter pour atteindre la prochaine étape.

Étape 5 : Le bilan

Après avoir pris plusieurs directions et plusieurs décisions, il faut être capable de prendre du recul et de faire le bilan. Dans ces moments, il est intéressant de rester factuel et franc, pour tenir dans la durée.

L'enjeu pour les grandes organisations pour devenir des machines à créer est donc de développer une culture qui mêle créativité et discipline, tout en conservant de la passion, et en adaptant son mode de management.

Au-delà de l’organisation innovante, développer des écosystèmes innovants

Le graal pour une organisation, est de parvenir à s’intégrer dans un écosystème innovant. Un écosystème innovant est le résultat de la collaboration de plusieurs acteurs, situés à différentes positions dans la chaîne de l'innovation. De nombreux exemples peuvent être donnés, mais il y a encore peu de certitudes quant à la marche à suivre pour créer une innovation par ce biais.

Une des difficultés par exemple, réside dans le fait que les acteurs, bien que tous contributeurs, ne seront pas tous dans la position de celui qui commercialise le produit ou service fini. Si malgré cela les intérêts des différents acteurs sont liés et qu'ils parviennent à assurer une collaboration saine, plus qu'un projet commun d'innovation, il peut se créer un vrai partenariat long terme et un avantage pour chacun sur le marché.

Conclusion :

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